Young Liberty - La Genèse (Chap.7)
City of Heroes présente...
Young Liberty – La Genèse
Chapitre 7 : Petit à petit...
Deux silhouettes courraient à en perdre haleine. En y apparaissant, Samantha avait eut l'impression fugace que ce trottoir face à l'immeuble était le lieu le plus proche qu'ils auraient pu trouver. Mais à présent qu'ils devaient courir les quelques cinq mètres de cette longue route qui les menait à l'entrée du bunker, elle se demandait pourquoi Steve n'avait pas eut la brillante idée de les téléporter juste devant le champ de force.
- JUSTE CROIX !
Tout deux avaient eut la même idée, sans avoir besoin de se consulter. Tout deux hurlaient à pleins poumons le nom du Super Héros qui avait assuré la protection de l'immeuble en leur absence. La silhouette encapuchonnée apparut dans l'embrasure de la porte d'entrée, et un regard surpris se pointa vers eux. Puis un son strident attira son attention, et ses yeux se retrouvèrent captifs de ce terrifiant spectacle qui s'offrait à eux : celui d'un puissant rayon lumineux qui, ravageant tout sur son passage, se dirigeait droit vers eux.
- JUSTE CROIX ! Hurla Steve ; IL ME FAUT UN INFLUX ! IMMEDIATEMENT !
- ET APPELLE GISELE ! Ajouta Samantha, pleine d'effroi.
Sans perdre un instant, Juste Croix disparut de l'entrée de l'immeuble. Du coin de l'oeil, Samantha vit quelques visages aux fenêtres de l'immeuble de personnes qui, après avoir été attirées par ces cris qu'ils poussaient, découvraient cette arme meurtrière qui s'apprêtait à les frapper de plein fouet. Personne ne pouvait se résoudre à bouger. La vitesse de ce rayon de lumière était telle qu'aucun d'entre eux n'aurait le temps de quitter les lieux avant qu'il ne frappe. Et chacun d'entre eux le savait.
Samantha pénétra à toute vitesse dans le bâtiment, puis Steve s'arrêta là où se tenait Juste Croix un instant plus tôt. Il écarta les bras, et posa ses mains sur les murs, dans leur alignement, tandis que Juste Croix, main droite gantée, revenait avec Gisèle.
- Je ne sais pas si je vais y arriver ! Avertit Steve, tandis que le rayon avalait l'immeuble face à eux, provoquant un gigantesque nuage de poussière ; Ni même le temps que je pourrais maintenir le portail !
- J'ai confiance en toi ! Assura Samantha ; Fais-le juste le plus tard possible !
Juste Croix posa alors la pain sur le poignet droit de Steve, et il y eut comme un éclair entre eux. Le corps de Steve sembla soudain dégager une lueur irréelle.
- Gisèle ! Ordonna Samantha ; Arrête ton champ de force !
- Quoi ? Mais...
- FAIS CE QUE JE DIS ! VITE !!
L'instant après, la majestueuse bulle protectrice autour de l'immeuble disparut, au grand dam de Gisèle qui venait d'apercevoir le rayon de lumière sur le trottoir d'en face. Sans doute se demandait-elle pourquoi on lui avait fait retirer la seule protection de l'immeuble alors qu'une attaque ennemi était si proche, mais elle ne commenta pas.
- Je le sens ! S'exclama alors Steve ; Je sens le pouvoir en moi, c'est incroyable !
- Tu nous emmènes où ? Demanda Samantha ;
- Je sais pas, je...
Cette fois-ci, le rayon de lumière avait traversé la moitié de la rue. Un chat se faufila en courant dans l'immeuble, crachant comme un diable. Samantha se demanda si l'animal réalisait qu'il venait peut-être de sauver sa propre vie en agissant ainsi.
- Ca y est ! Je sais quoi faire ! YAAAAH !!
Le rayon allait frapper l'immeuble, mais il y eut soudain un gigantesque flash émanant de l'immeuble tout entier. Le rayon frappa alors un gigantesque trou qui, une fraction de seconde plus tôt, avait été recouvert par un immeuble. Le vaisseau avançait vite, et bientôt il disparut au loin en laissant sur le sol une longue trace calcinée et un épais nuage de cendre et de poussière. Quelques instant après, un nouveau flash de lumière signala le retour de l'immeuble.
- Je... j'y crois pas ! S'exclama-t-il ; J'ai réussi !
- Qu'est-ce que tu as fait ? Demanda Samantha ;
- Je nous ai téléportés dans le futur ! Je nous ai fait avancer de trois minutes dans le temps !
Il y eut soudain une gigantesque secousse. Tout l'immeuble s'ébranla, et de longues fissures apparurent sur les murs. Tout le monde crut alors que le rayon était de retour, et les attaquait à l'improviste. Puis chacun réalisa que s'il s'était s'agit de ça, il aurait causé plus de dégâts que de simples fissures.
- C'est les fondations ! S'exclama finalement Juste Croix ; Le rayon a frappé le sol sous l'immeuble, il a frappé des canalisations et d'autres choses encore ! L'immeuble ne correspondait donc plus à la forme de sol que tu lui avais fait quitter !
Le brouhaha avait cessé. Même le son strident et lointain du rayon lumineux avait disparut.
- Alors quoi ? Demanda Samantha ; L'immeuble va s'écrouler ?
- Ca aurait pu... répondit Juste Croix ; Mais si ça n'a pas encore été le cas, alors ça devrait bien se passer désormais.
- Et si le rayon revient ?
- Je vais voir...
Sur cette réponse, la silhouette de Steve s'évanouit de sous leurs yeux. Les trois amis se regardèrent, en proie à un malaise fort désagréable. Steve se décida enfin à réapparaître.
- Le rayon a disparut. Répondit-il alors ; Il a laissé une belle trace sur son passage, mais il a finalement disparut. Gisèle ?
La jeune femme restaura un large champ de force autour de l'immeuble, et demanda pourquoi on lui avait demandé de l'ôter.
- On a essayé de se téléporter dans le champ de force, tout à l'heure. Expliqua Samantha ; Mais il a repoussé le pouvoir de Steve. Du coup, on a tout les deux pensés que ton pouvoir risquait d'empêcher celui de Steve d'agir !
- Pas exactement. Intervint Steve ; Lorsque j'ai appelé Juste Croix, c'est ce que j'avais à l'esprit, oui. Mais ce que je craignais après l'influx, c'est qu'au moment de nous téléporter, je téléporte tout le bâtiment mais pas toi. J'avais surtout peur de te laisser seul ici sous le rayon.
Des pas retentirent alors dans l'escalier. Un inconnu apparut, et leur adressa un regard consterné.
- Je peux savoir ce qu'il se passe ? Il y a eut de la lumière, ça m'a réveillé ! En plus, j'ai été obligé de descendre à pied : l'ascenseur ne fonctionne plus !
***
L'inventaire fut rapide. Par la force des choses : Steve était encore fatigué par l'utilisation qu'il avait fait de son pouvoir, et ne pouvait imaginer ce qu'il adviendrait de lui après que l'influx aurait cessé d'agir. Il mit donc un point d'honneur pour apporter le plus d'aide que possible, avant que la fin de l'influx ne le plonge dans l'inconscience.
Avec cette nouvelle attaque, ils avaient perdu le peu qu'il leur restait. Ils n'avaient désormais plus d'électricité, plus de téléphone et donc, plus d'Internet. Jeremy conseilla de se procurer un kit de connexion par satellite, seul moyen de se connecter dans la situation actuelle. Mais sur le conseil de Samantha, il finit par se résoudre à l'idée de se contenter de rétablir la télévision.
Sans électricité, plus d'ascenseur, comme leur avait judicieusement fait remarqué cet habitant qu'il ne connaissait pas. Tous devaient utiliser les escaliers pour se déplacer, mais Steve servait également de navette pour les déplacements, chacun ayant repéré les imposantes balafres que portaient les escaliers un peu partout. Bien heureusement, la fin de l'influx ne changea rien à la santé de Steve, bien qu'il sentit qu'il ne serait plus capable de faire d'usage intensif de son pouvoir avant longtemps.
L'autre changement notable de cette nouvelle mésaventure fut la hausse soudaine de la solidarité des habitants de l'immeuble. Contraint d'abandonner leurs appartements et l'illusion de normalité dans lequel ils avait vécu ces dernières semaines au sein de la bulle de Gisèle, chacun s'était découvert une dette envers autrui. Paradoxalement, il n'y eut jamais autant de secours de la part de ces habitants envers les nouveaux blessés qui, cette fois-ci, arrivés en masse.
Une autre surprise fut que si l'intégralité de l'immeuble avait perdu l'électricité, il n'en était pas de même pour le bunker. Samantha en avait déduit qu'il disposait de son propre réseau électrique, même si elle ignorait comment il était alimenté. Elle avait eut le secret espoir que l'absence d'eau et de ligne téléphonique avait également été contenu hors du bunker, mais il n'en était rien. Après plusieurs jours d'efforts au bout duquel il peinait à rétablir la télévision, Jeremy avait cependant bon espoir de retrouver le câble téléphonique pour le reconnecter au bunker.
- Et comment vas-tu faire pour passer sous l'immeuble ? Lui avait fait remarquer Samantha ;
- Je passerai par la cave ! Il y a forcément un point de ligne qui y passe, et qui a été coupé lorsque Steve nous a téléporté !
- Nous avons une télévision, tu ferais mieux de nous finir la rallonge à antenne pour la remettre en fonction, ce serait plus utile !
- Que Steve nous créé un portail miniature vers le toit, on y passera l'antenne, et voilà ! Marre de galèrer, moi !
Au moins, le manque d'eau était loin d'être catastrophique : la réserve providentielle de Steve remplissait son office, et cette attaque surprise avait au moins eut le mérite de sortir les habitants de l'immeuble de leur torpeur. La bulle dans laquelle ils vivaient avaient été percée, et chacun cherchait à se rendre utile. L'entraide envers les malades et blessés provenant des quartiers voisins ne cessait de croître, si bien que le nombre de blessés, s'accroissant tout autant, finis par atteindre un niveau où il ne pouvait plus héberger personne dans le bunker. Au final, plus aucun blessé ne s'y trouva, et les patients nécessiteux étaient répartis à travers les étages de l'immeuble. Quant à Steve, il serait devenu rapidement l'ascenseur officiel du refuge s'il n'avait pas dû y mettre le holà.
Finalement, le bunker avait donc finit par retrouver un calme relatif, un rythme identiques aux premiers jours, à l'époque où ce lieu n'était pas encore devenu un refuge. Et par là, il pouvait retrouver une fonction première mais non moins primordiale : accueillir les blessés les plus récents, et leur donner les premiers soins. Et accessoirement, servir de dortoir aux membres permanents qu'étaient devenus Juste Croix, Steve, Samantha et ses filles.
- Maman !
Un matin, Samantha fut réveillée par la jeune Alice en proie en larme. Sa jeune soeur, Cécile, faisait son possible pour la consoler, mais en vain. Les deux soeurs dormaient toujours dans le bunker, aux côtés de leur mère et contre le mur qui, par le passé, avait servit à ranger les matelas désormais éparpillés dans le bunker et dans le reste de l'immeuble.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Samantha en se tournant vers la jeune fille ;
- Le monstre a voulu me manger !
La jeune fille avait le visage livide, et tremblait de toute part. Cécile, effrayée, pleurait de voir sa soeur aussi terrorisée. Pour Samantha, la raison était claire : sa fille avait fait un cauchemar, à propos de ces créatures qui avait investi Paragon City, et le reste du monde.
- Tu sais que nous sommes en sécurité, ici ? Ma chérie, tu te souviens ? Gisèle nous aide à chasser les méchants !
- Mais il est entré et il a voulu me manger, il a dit qu'il allait aussi te manger toi, et puis Cécile !
Toujours en proie au chagrin, la fillette pleurait à chaudes larmes, vite rejoins par Cécile qui ne comprenait pas pourquoi elle devrait elle-aussi être dévorée.
- Les enfants, vous savez qu'ils ne peuvent pas entrer, non ?
- L'autre, il est rentré quand même ! Même qu'il a voulu nous faire du mal !
- Oui, mais...
Samantha était impuissante. Sa fille avait raison. Comment la persuader de garder espoir, si elle même savait qu'ils n'était pas véritablement en lieu sûr ici, malgré la puissance de Gisèle et Steve lorsqu'ils bénéficiaient d'un influx. Car si une créature avait pu entrer, qu'est-ce qui aurait empêché ces terribles ennemis de téléporter une bombe ou un quelconque autre engin de destruction dans leur antre ?
- Alice ?
Les deux fillettes en larmes se tournèrent vers le nouvel arrivant. Juste Croix venait de revenir, après plusieurs jours d'une absence presque permanente. Cela faisait en effet près d'une semaine qu'il disparaissait fréquemment, tout comme Steve qui le suivait dans un endroit inconnu. Samantha aurait dû être surprise de le voir ainsi apparaître sous ses yeux, mais il n'en fut finalement rien. Il arrivait toujours à point nommé.
- Tu as peur des monstres, Alice ?
- Oui !
- Toi aussi ? Demanda-t-il à Cécile, qui acquiesça énergiquement de la tête ;
- Ils sont méchants, les monstres !
- Pourtant, les monstres sont pas les plus forts, tu sais. Ils sont juste beaucoup. Mais les Super Héros aussi sont beaucoup, et on finira par gagner. Tu veux que je te prouve que les monstres, on finira par les battre ?
Les deux fillettes acquiescèrent simultanément.
- Venez avec moi, je vais vous montrer.
Les deux fillettes, séchant leurs larmes, se dressèrent avec espoir sur leurs matelas, et se précipitèrent derrière Juste Croix. Samantha les imita, se demandant ce que le vieux Super Héros leur réservait.
Ils quittèrent le bunker, et Juste Croix se dirigea vers l'escalier qui descendait vers la cave en enlassant l'ascenseur. La cage d'escalier était sombre, dépourvue de lumière. Cependant, une faible lumière se profilait à l'extrémité de cet escalier qui descendait longuement. Le quatuor arriva finalement devant une porte, qui s'ouvrit sur une vaste pièce éclairée.
Les murs de ce lieux étaient tout aussi lézardés que le reste de l'immeuble, et le sol était couvert de poussière et de plâtre. Le plafond lui-même était lézardé, bien que ce soit à peine visible. Cependant, au beau milieu de la pièce, une ampoule pendait, projetant une lumière de forte intensité dans toute la pièce. Samantha ne savait pas d'où provenait l'électricité qui éclairait ce sous-sol, mais ils y étaient aussi éclairés que dans le Bunker.
- Mais comment...?
Samantha ne termina pas sa question. Tout comme ses filles, elle poussa un cri de surprise en découvrant une de ces créatures dans le sous-sol, gueule ouverte et regard brillant. Il lui fallut un court instant pour réaliser que ce regard brillant était surtout un regard vide, et que la créature était clouée au mur par deux longues flèches argentées dans les épaules.
- Il... il est mort ? Demanda Alice ;
- Exactement.
- Qu'est-ce que ça fait là ? S'exclama Samantha, sentant monter une rage indicible en elle ; D'où vient-elle ?
- Vous l'avez déjà vu. Il s'agit de la créature qui s'est invitée sans autorisation dans notre habitat, et que nous avons eut tant de peine à chasser. (Il esquissa un sourire amusé, presque nostalgique) Et à cause de qui nous avons eut tant de neiges à déblayer de notre abris.
Samantha se souvint alors que c'était Juste Croix qui s'était porté de lui-même volontaire pour se débarrasser du corps de la créature. Mais jamais elle n'aurait pu imaginer qu'il l'avait seulement descendu d'un étage !
- Vous êtes totalement fou ? Grogna-t-elle ; Qu'est-ce qui vous a prit de laisser cette... chose ici ?
- Je crois que c'est pour moi qu'il a fait ça.
Samantha se retourna vivement vers le nouvel arrivant. Elle découvrit Steve, qui venait se sortir d'une pièce sur le côté, qui lui semblait se trouver précisément sous le bunker. Steve était vêtu d'un pantalon couleur argent, et portait un long arc de même couleur.
- Il l'a descendu afin de me motiver dans mes exercices. C'est nettement plus facile de m'entraîner en ayant une de ces créatures pour m'exercer !
Il leva alors son arc, banda la corde et décrocha une flèche droit dans la gorge de la créature inanimée, projetant un jet de sang verdâtre. Samantha baissa les yeux vers ses filles, qui ne quittaient plus le corps du regard.
- En réalité, c'est plutôt pour les habitants de cet immeuble, plus généralement, que j'ai fait ça. Corrigea Juste Croix ; Dans ces temps troubles où les gens meurent, où ces créatures se servent de leur avancée technologique afin de nous attaquer sans aucune raison, j'ai pensé qu'il était bon de rappeler à tous... qu'elles restent mortelles !
- Et vous aviez besoin de montrer ça à mes filles ?
- Vos filles en ont déjà vu plus qu'aucun d'entre nous n'en a jamais vu dans notre vie passée. Les règles ont changé dès lors que ces créatures ont attaqué la Terre. Dès lors qu'elles ont franchi leurs portails pour apporter la destruction sur notre ville, sur notre monde, nous avons perdu le droit à l'innocence et à l'insouciance.
Samantha baissa les yeux sans desserrer les dents. Cette vérité dans ces mots ne faisaient que la rendre plus furieuse encore. Malheureusement, personne dans cette pièce ne pourrait lui servir d'exutoire. Juste Croix en remit une couche, en désignant du doigt la créature clouée au mur.
- Ces créatures sont là. Ce n'est plus comme avant, vous n'avez pu la possibilité de rassurer vos filles en leur disant que les monstres n'existent pas ! Ils existent ! Mais ces créatures ne sont pas plus fortes que nous. Juste plus sournoises, elles nous ont attaqué sans que nous ayons pu nous préparer ! Cet avantage a été dévastateur... mais à présent, il ne leur apporte plus rien.
Samantha scuta ses filles, et réalisa qu'effectivement, elles observaient la créature sans sourciller, sans plus aucune peur dans leurs yeux. Juste Croix se baissa et prit une pierre de belle taille, tombée du mur près de lui. Il s'approcha, et la tendit à Alice.
- Vas-y, venge-toi !
La fillette prit la pierre, et se précipita alors vers la créatures en hurlant.
- TU ES MECHANT !!!
Elle se mit à frapper la créature morte avec la pierre avec toute la force qu'elle pouvait avec ses petits bras. Cécile la rejoignit, et entreprit de donner des coups de pieds dans les jambes de la créatures, avant de lui cracher dessus.
- TU ME MANGERAS PAS, JE TE DETESTE !
Samantha était médusée. Dans sa tête, elle n'avait qu'une envie : hurler à ses filles de cesser d'agir ainsi, de se montrer plus respectueuse de ce corps. Mais aucun son ne parvint à sortir de sa gorge, et les fillettes finirent par se lasser et la rejoignirent, radieuse. Au fond d'elle, Samantha comprenait cette réaction, et devait bien avouer que seul l'importance du paraître l'avait empêchée de les imiter.
- Retournez en haut, les filles.
Elle avait parlé sur un ton neutre, et les fillettes quittèrent la pièce sans rien ajouter. Enfin seule avec Juste Croix et Steve, elle poussa un soupire et jeta un regard désapprobateur à ses deux compagnons.
- Qu'y a-t-il ?
- C'est pas moi qui en ait eut l'idée ! S'exclama Steve ;
- Je peux savoir comment vous avez pu éclairer cette pièce ?
Un silence pesant tomba dans le sous-sol entre eux-trois, et Steve mit de longues minutes à l'interrompre.
- Alors celle-là, je l'avais pas vu venir.
- Il n'y a pas de lumière dans tout l'immeuble, et voilà que je vous découvre ici, sous l'immeuble, disposant d'une lumière assez forte pour ne pas laisser d'ombre dans les angles. Je peux savoir ce que je dois penser de ça ?
A défaut de sembler se sentir coupable, Steve paraissait au moins embarrassé par la situation. Juste Croix, lui, semblait totalement indifférent aux reproches à peines contenus de la jeune femme.
- Quand vous dites que l'immeuble ne dispose plus du tout de lumière, vous empruntez un léger raccourci, n'est-ce pas ?
- Quoi, le bunker ? Effectivement, le bunker dispose de son propre réseau électrique, ce qui permet d'y conserver un semblant de confort. Ce qui est bien utile pour soigner les blessés les plus graves qui nous arrive, par ailleurs. Mais pourquoi...?
Elle interrompit sa phrase en pleine course, et leva les yeux vers le plafond, puis jeta un oeil vers la pièce d'où était sorti Steve à son arrivée.
- Vous avez détourné le réseau du bunker ? Mais comment...?
- Une flèche explosive. Répondit Juste Croix ; Bien démontée, elle a permit de créer un explosif très localisé, là où nous espérions trouver le générateur électrique.
- Je veux le voir.
Samantha s'avança vers la pièce, et Steve s'écarta de son passage sans protester. Cette seconde pièce était toute aussi vétuste que le lieu d'entraînement de Steve, mais deux des murs avaient été percés. D'un des trous béant sortait de longs câbles qui rentraient dans un second trou face à lui. Steve rejoignit Samantha, et désigna le premier murs percé.
Le générateur se trouve là. Nous l'avons raccordé au circuit électrique du sous-sol, ça permet de nous fournir la lumière. Nous n'avons pas tenté d'utiliser la seule prise électrique disponible, de peur de tout faire disjoncter.
- Pourquoi ça disjoncterait ?
- Il faut bien comprendre que ce générateur n'est pas conçu pour alimenter plus que le bunker. Expliqua Juste Croix, en pénétrant dans la pièce à son tour ; Détourner une partie du réseau pour éclairer cette pièce, ce n'est pas grand chose, mais alimenter tout l'immeuble serait impensable. C'est pour cette raison que nous avons préféré n'en rien dire.
- Quant à la prise qui disjoncte... ajouta Steve ; C'est juste que le branchement que nous avons fait ici n'est pas d'une grande fiabilité. Les fils sont apparents et traversent la pièce... je préfère ne pas tenter le diable. Mais bon, en cas d'urgence...
Samantha poussa un soupire. Cette situation était vraiment inconfortable : tout les habitants de l'immeuble étaient privé d'énergie, et ces deux-là s'était organisé leur petite tanière sans en dire un mot à qui que ce soit.
- Et vous espériez cacher ça longtemps ?
- Inutile d'ébruiter ce petit aménagement. Répondit Juste Croix, toujours impassible ; Mais loin de nous l'idée de le cacher à tout prix : comme je vous l'ai dit, j'ai accroché cette créature, et je n'ai pas hésité à vous amener ici. Ce n'est pas comme si vous m'aviez surpris en faute, n'est-ce pas ?
Samantha devait bien admettre ce point. Elle n'avait rien découvert : Juste Croix l'avait volontairement amené ici. Dans ces conditions, comment pouvait-elle l'accuser de faire des cachotteries ?
- Bien, alors que proposez-vous ?
- Tout d'abord, évitez d'en parler trop autour de vous. Inutile que la centaine de curieux qui s'est installé à travers l'immeuble viennent tous profiter de la lumière dès la nuit prochaine. Cependant, si voulez en parler individuellement, aucun problème : il y a ici une créature qui n'attend que ça d'être visitée.
Samantha sourit. Il en revenait donc à l'utilité première de ce lieu : devenir un "musée" des horreurs pour rappeler à tous que ces créatures de cauchemars étaient tout sauf invulnérables.
- Bon. Je vous envoie Jeremy, dans ce cas. Je pense qu'il sera ravie d'apprendre que vous pouvez l'aider à déterrer les câbles téléphoniques qu'il recherche avec tant d'ardeur !
À suivre...
Thom...